vendredi 8 avril 2011

A great weirdo

A Julien Doré.

Je devais me pencher sur le cas pathétique de Julien Doré. Wikipédiatiquement il s’agit d’un individu, jeune, ayant fait une école d’art parce qu'il en a rien à branler et qui s’est lancé dans la chanson sur M6. En se coiffant d’une barrette comme Katerine, en couinant sur les aigus comme Luchini et en jouant du ukulélé comme un million de personne se filmant sur youtube, il est devenu célèbre pour son originalité. Tout le monde ayant à peu près compris qu’il n’avait aucun talent musical, on a pris le parti de penser qu’il était un imposteur de génie.

Au moins deux choses. Comme beaucoup dans les années 2000, Julien a suivi une tendance qui consiste à vivre d’un domaine professionnel en général très critiqué soit pour sa dégénérescence, ce qui peut être le cas pour les arts, soit pour son fonctionnement capitaliste brutal, soit pour toute raison qui éloigne ledit domaine de la morale, de l’éthique, de l’esthétique et de la philosophie (en bref la majorité des activités salariées) avec une distance convenue qui mélange le cynisme, la lucidité forcément intelligente, l’humour et le je-m’en-foutisme du moment que j’ai le look qui va avec.

En résumé on mange la soupe, on crache dedans, et mange son crachat avec délectation parce que c'est le sien. Il se peut bien que Julien ne fasse que s’amuser. Puisque ça se vend. Mais je ne crois pas en la sincérité de ces gens. Soit on est un artiste soit on ne l’est pas. Si on profite d’un système en le critiquant pour prouver qu’on n’a pas laissé sa tête et son cœur de côté, c’est qu’on est un idiot ou un imposteur de l’imposture. On veut se faire croire qu’on est au dessus de tout or si on fait ce qu’on fait, c’est par désir, nécessité et plaisir. On veut faire croire qu’on se joue de tout mais un chanteur qui se moque du chant reste un chanteur, pourquoi ne pas l’accepter ? Pourquoi vouloir tout dépassionner et prétendre qu’on ne fait que s’amuser (en gagnant bien sa vie) ?

Où bien Julien se prend pour un artiste. Ce n’est pas pire, mais c plus inquiétant. Car Julien n’a jamais voulu devenir chanteur (car en vrai, lui, c la comédie qui l’attire…). Pourquoi a-t-on dû tordre et déchirer les arts, en plus du reste, de la morale, de l’éthique, de l’esthétique et de la philosophie ? Parce que visiblement il ne s’agit pas d’être musicien mais d’être un Individu. Le gagnant est le plus original, le plus bizarrement coiffé, celui qui va proposer quelque chose de déjanté, qui va mettre sa personnalité au devant en oubliant de s’effacer derrière l’art qu’il prétend pratiquer, ici la musique. Ne peut-on donc plus aimer quelque chose qui ne soit pas soi (les miroirs du soi que nous renvoient les artistes à personnalité) ?

Qu’est ce qui vaut, la musique ou la barrette de Julien ? Le son ou Julien se trémoussant sur une reprise guillerette version 14 juillet de Creep ?

4 commentaires:

fanie a dit…

ah que tu ne l'aimes pas celui là !
j'ai même pas vu sa reprise de Creep tellement les commentaires faisaient peur !
Encore un qui a tout compris du système, que en plus ça marche alors pourquoi se priver hein ?....

manouche a dit…

Comment faire sa place dans un système si complexe qu'il étouffe le talent?

Pipoboy a dit…

Je remarque que vous oubliez de parler de son tatouage Jean D'Ormesson. Un tatouage comme ca, si ca ne fait pas de lui quelqu'un d'unique!!
Je pense d'ailleurs me faire tatouer Arlette Chabot sur le creux des reins pour enfin devenir quelqu'un moi aussi.

hushhush a dit…

bien vu Pipoboy !