samedi 14 avril 2012

L'origine virale de l'amorphisme

Etre malade. Descriptif non agrée par le ministère de la santé.

Gorge : mauvaise poignée de gravillons artificiels tassée au fond d’un tuyau abominablement visqueux. Aux pires moments, avaler son glaviot est comme racler un putain de joli jardin japonais avec un râteau à dent de scie. Ça laisse des traces traumatiques dans la mémoire. Un pur jus d’uranium délivré dans des sondes médicales initialement prévues pour des séances de torture cosmétique, suit le vrai chemin de la douleur en trois actes : larynx, oreille droite, oreille gauche. Sondes violemment insérées de manière à guider le jus contaminé jusqu’aux conduits auditifs. Douleur s’en suit, petit tube à pulsation du mal enfoncé jusqu’au tympan.

Tête. Crâne surmontant le visage en plein déclin, farci de marmelade atomique phosphorescente irradiant l’intégralité de la zone. Réactive au mouvement, la marmelade augmente sa température et contamine tout ou partie du cerveau. La surchauffe ralentit la circulation d’un sang pourri, empoisonné par des années lumières d’attitude proche de la nécrose d’angoisse. Douleur, douleur, s’ensuit, rythme syncopé de tabassage à coup de pilon.

Nez. Par là d’où sont libérées les sales sécrétions nucléaires en forme de liquide incolore. Petite eau stagnante croupissant au fond des canaux vaseux. A l’expulsion forcée suit une méchante irritation de la peau qui prévient l’assemblée de vos dégoûtant embarras d’origine viral. Douleur, douleur, douleur, s’en suit, petite rougeur asséchante piquetée de mortes bouloches épidermiques.

Ensemble. Dévastation sismique produisant un grognement éventuellement similaire au gémissement d’un martyr, à condition d’éprouver de la complaisance envers son pathétique état de faiblesse. Un sifflement du fond de gorge suivi d’un raclement effrayant et d’un effondrement brutal des énergies qui font la force de l’humanité et des civilisations.

Un envie que tout s’arrête en dépit du caractère bénin de la maladie, la non acceptation de l’inconfort, du ralentissement, des limites et des échecs.

Etre malade pousse très souvent à la bêtise.