dimanche 9 novembre 2008

Le fantôme de la pépinière

Je fais du théâtre. Au cours Jean Laurent Cochet. Mais oui, renseignez vous un peu, Depardieu, Lucchini, Hupert, tout ce qu'on se sera jamais, c'est Lui. Un Gourou homosexuel de 80 printemps qui étend sa passion de l'art dramatique jusqu'à l'éternité.
Comme je suis une fille et que donc je présente peu d'intérêt, que je ne suis pas au sommet de l'interprétation, je me délocalise une nouvelle fois et je tricote. Je tricote la comédie.

Je vous porte. Tous, je vous porte avec ce que vous montrer chaque jour. Votre musique, votre voix, votre regard, vos mains agitées, vos inflexions, vos inspirations, ce que l’on vous appris et que vous faites si bien. Vos réaccentuations, je les entends, je les absorbe. Tout y passe. Je me fais éponge. Je n’ai rien à donner d’autre que vous-mêmes. Je vous observe, je vous écoute, tout ce que vous dites se rappelle à moi. Vous êtes fichés quelque part en moi, je suis l’espionne que vous ne soupçonnez pas.
Vous ne dites aucune virgule ni de point, les derniers mots sont les premiers. C’est le rythme appris, vous êtes si doués. Parfois les bouches se pincent après un mot : effet de timidité, de manque d’assurance ? Les mains, les bras, se croisent et s’abandonnent tout au long de la prestation, se croisent et s’abandonnent pour livrer le poids du sentiment. Vous me le livrer si bien que je ne vois plus que cela. Peu importe ce que vous dites, je ne vois plus que vos mains qui se croisent puis s’abandonnent.
Vous balancez votre corps sur des jambes qui cherchent à danser vos inflexions si bien comprises et si bien appliquées. Vous souriez les yeux mouillés. Vous êtes en extase de tant de beauté et de douleur dans ce poème que vous donnez. Il faut nous le faire comprendre. Vous êtes le sentiment, vous êtes la musique.
Votre voix n’ose pas toujours aller au bout. Pas si fort ! Vous retenez. Vous vous tenez un peu en déséquilibre.
Il y a tout, il y les yeux qui regardent un coin, il y a les grimaces qui prouvent que vous pensez votre texte, il y a les bizarreries de votre récitations.
Je vous porte tous. Les amuseurs, les menteurs, les bouffons. Les comédiens.