mardi 8 mai 2012

"You know, i'm feeling so puzzled right now !"

Un jour, quelqu'un a craché dans le Yop de quelqu'un d'autre et voilà ce qu'il s'est dit :

"Un désarmement. On est, au fil de la couture des évènements, désarmé. Il faut se sentir suffisamment désarmé pour ne plus se fier à des opinions et ne pas décocher des phrases en guise d’idées. Pour être sincère et sentir, pour penser, pour demeurer jamais sans posture, il faut une qualité de désarmement pure. Effleurer l’abdication, mais surtout, ne rien revendiquer. Il faut être un rail désaxé. Un rail en fonction et cependant désaxé. C’est difficile de douter de tout, c’est difficile parce que tout le monde affirme et soi-même, on atteste de quelque chose, d’un avis. Se taire et on passe pour un être appauvri, un être à l’idiote placidité, un veule, un ordinaire qui se laisse, peut-être, vivre.
On est pourtant si riche de son désarmement. Quelle rareté. Quelle extravagance que de ne pas avoir de posture existentielle, quelle surprenante curiosité. Quel ratage doit-on subir quand on est désarmé. Une vie à côté des chemins bordés de quelques doutes et de beaucoup d’assurance. La vie de l’abandon. T'as craché dans mon Yop, connard."

" Ouep. Toi et tes bouts de littérature qui racontent les choses difficiles et les envies de s'allonger au milieu des routes. On reste l'ennemi de soi, on ne se comprend jamais, on ressemble à tout, à tout le monde, on est ceci, on est cela mais bof, y a rien. Faut faire avec, parce que vient un moment terrible où on sent dans son ventre et sa tête qu'on ne contrôle rien de rien. Et alors là, on a beau rêver, on ne disparaîtra jamais dans ses rêves. Et on reste seul, à s'agiter pour montrer aux autres qu'on s'agite, qu'on se bouge, parce que les autres, ils aiment ça, le mouvement. Faut leur prouver qu'on est vivant, sinon personne ne vous voit. Tu veux une bière ?"

samedi 14 avril 2012

L'origine virale de l'amorphisme

Etre malade. Descriptif non agrée par le ministère de la santé.

Gorge : mauvaise poignée de gravillons artificiels tassée au fond d’un tuyau abominablement visqueux. Aux pires moments, avaler son glaviot est comme racler un putain de joli jardin japonais avec un râteau à dent de scie. Ça laisse des traces traumatiques dans la mémoire. Un pur jus d’uranium délivré dans des sondes médicales initialement prévues pour des séances de torture cosmétique, suit le vrai chemin de la douleur en trois actes : larynx, oreille droite, oreille gauche. Sondes violemment insérées de manière à guider le jus contaminé jusqu’aux conduits auditifs. Douleur s’en suit, petit tube à pulsation du mal enfoncé jusqu’au tympan.

Tête. Crâne surmontant le visage en plein déclin, farci de marmelade atomique phosphorescente irradiant l’intégralité de la zone. Réactive au mouvement, la marmelade augmente sa température et contamine tout ou partie du cerveau. La surchauffe ralentit la circulation d’un sang pourri, empoisonné par des années lumières d’attitude proche de la nécrose d’angoisse. Douleur, douleur, s’ensuit, rythme syncopé de tabassage à coup de pilon.

Nez. Par là d’où sont libérées les sales sécrétions nucléaires en forme de liquide incolore. Petite eau stagnante croupissant au fond des canaux vaseux. A l’expulsion forcée suit une méchante irritation de la peau qui prévient l’assemblée de vos dégoûtant embarras d’origine viral. Douleur, douleur, douleur, s’en suit, petite rougeur asséchante piquetée de mortes bouloches épidermiques.

Ensemble. Dévastation sismique produisant un grognement éventuellement similaire au gémissement d’un martyr, à condition d’éprouver de la complaisance envers son pathétique état de faiblesse. Un sifflement du fond de gorge suivi d’un raclement effrayant et d’un effondrement brutal des énergies qui font la force de l’humanité et des civilisations.

Un envie que tout s’arrête en dépit du caractère bénin de la maladie, la non acceptation de l’inconfort, du ralentissement, des limites et des échecs.

Etre malade pousse très souvent à la bêtise.

samedi 3 mars 2012

Atelier de ratures

Selon le principe consacré : pour écrire faut écrire.
Exercice 1 : décrivez et écrivez sur un sujet d'environnement immédiat qui vous tient terriblement à coeur.


J’aime : mes boules quiès.
La boîte de boules quiès en cire naturelle, dites « protection auditive » est en vente dans toutes les pharmacies frauduleuses ou pas. Pour un prix de 3 euros 90, on peut se munir d’une petite boîte de 8 paires de bouchons, soit 16 bouchons. Chaque bouchon est d’une étrange couleur blanc rose qui n’existe pas dans la vraie vie, hors godemichet taillé dans une bougie parfumée. Pour ne pas altérer la qualité du bouchon, une douce couche de coton enrobe parfaitement la boulette : l’industrie est responsable des mauvaises conditions de rétributions des cultivateurs de coton africains. Il est déconseillé d’utiliser le bouchon encotonné. Il faut se débarrasser de la pellicule filandreuse avec dextérité, adresse, conviction, rigueur, anglais renforcé. Pincez fermement les fils de cotons et tirez selon le principe contraire. Ne pas craindre de recommencer autant de fois que faire se doit. Le bouchon ainsi mis à nu, vous devez le chauffer sans le brûler entre vos doigts, de manière à obtenir une mollesse engageante. Boudinez le bouchon et obtenez un aspect conique qui n’est pas sans un certain charme exotique. Approchez droitement le bouchon du conduit de votre oreille qui aura été soigneusement nettoyé. En effet le bouchon risque de libérer des substances pathogènes s’il est en contact avec de la cire organique corporelle. Ces substances sont responsables d’amnésie culturelle et de désordre de management. Introduisez le bouchon coniquement préparé de manière à éprouver une sensation terrifiante d’enfermement et de perte de repères. Un bourdonnement psychopathologique doit se faire entendre. Attention ! Il ne faut pas trop enfoncer le bouchon car cela risquerait d’entraîner des risques tels que toucher le tympan, ce qui fait hautement mal. Il est indispensable de répéter l’opération avec un second bouchon destiné à votre seconde oreille si vous en possédez.
En milieu urbain le bouchon sert à rester calme et à éviter des peines de prison pouvant aller plus loin que la durée de votre vie.
Ne vous séparez JAMAIS de votre boîte de boules quiès.