"Un désarmement.
On est, au fil de la couture des évènements, désarmé. Il faut se sentir
suffisamment désarmé pour ne plus se fier à des opinions et ne pas décocher des
phrases en guise d’idées. Pour être sincère et sentir, pour penser, pour
demeurer jamais sans posture, il faut une qualité de désarmement pure.
Effleurer l’abdication, mais surtout, ne rien revendiquer. Il faut être un rail
désaxé. Un rail en fonction et cependant désaxé. C’est difficile de douter de
tout, c’est difficile parce que tout le monde affirme et soi-même, on atteste
de quelque chose, d’un avis. Se taire et on passe pour un être appauvri, un
être à l’idiote placidité, un veule, un ordinaire qui se laisse, peut-être, vivre.
On est pourtant
si riche de son désarmement. Quelle rareté. Quelle extravagance que de ne pas
avoir de posture existentielle, quelle surprenante curiosité. Quel ratage
doit-on subir quand on est désarmé. Une vie à côté des chemins bordés de
quelques doutes et de beaucoup d’assurance. La vie de l’abandon. T'as craché dans mon Yop, connard."
" Ouep. Toi et tes bouts de
littérature qui racontent les choses difficiles et les envies de s'allonger au
milieu des routes. On reste l'ennemi de soi, on ne se comprend jamais, on ressemble à tout, à tout
le monde, on est ceci, on est cela mais bof, y a rien. Faut faire avec, parce que vient un moment
terrible où on sent dans son ventre et sa tête
qu'on ne contrôle rien de rien. Et alors là, on a beau rêver, on ne disparaîtra
jamais dans ses rêves. Et on reste seul, à s'agiter pour montrer aux autres
qu'on s'agite, qu'on se bouge, parce que les autres, ils aiment ça, le
mouvement. Faut leur prouver qu'on est vivant, sinon personne ne vous voit. Tu veux une bière ?"