mardi 13 mai 2008

C'est e dernier jour de soleil (part 1)

C’est le dernier jour de soleil avant la pluie. Le chat s’est allongé comme un mort et je me demande si ce n’est pas de l’ennui qu’il éprouve. Il vit depuis quinze ans dans la maison et il ne sort pas. Il a pour lui la terrasse et les rebords de fenêtre. C’est le dernier jour de soleil et peut-être qu’il s’ennuie.
Je beurre la tartine. Je la mange, je croque dedans, puis je mâche peut-être quatre ou cinq fois avant d’avaler, puis je croque à nouveau et ça dure jusqu’à ce qu’il ne reste plus que mes doigts. Dans ma tête il s’est passé l’avenir. Très proche en vérité. Il s’est passé le verre d’eau à boire, les dents à brosser et le livre à terminer. Tout cela dans un ordre bien découpé, mais très rapide. J’ai vu tout ça dans ma tête, en quelques secondes. Plus rapide encore fut le souvenir de ma nuit, de mes rêves. Et pendant ce temps, pendant aussi le temps de quelques autres pensées plus compliquées comme la tristesse du matin, ou ma place dans le monde, j’ai croqué dans la tartine, j’ai ramassé les miettes et je le fais chaque matin. Ensuite je monte me laver les dents. Je brosse dans le même sens.
J’allume l’ordinateur. Il n’est pas en panne. Il se met en route très poussivement. J’attends. Je pense certainement à quelque chose. Puis je clique, je vais voir des messages inexistants. Je reste quelques instants devant la page blanche de google. Beaucoup d’énergie pour rien. J’éteins.
Je sors. Le temps n’est pas différent, même si je sais que c’est le dernier jour de soleil. Je rentre à nouveau. J’appelle ma mère et nous pleurons beaucoup. Je lui dis que j’ai peur.
Je ressors. Je dois aller me promener. Les gens font comme moi, mais ils ne sont pas seuls. Ils sortent parce qu’il fait beau et chaud. Ce n’est peut-être pas une évidence mais c’est une bonne habitude qu’ils ont. Ils mangent dehors, je vois des sacs de fast food, et des cornets de frites aux pieds des bancs. Il y a surtout des familles et des couples. Il y a des sans abri. Je ne donne rien aujourd’hui, aucune pièce ni aucun regard.
Je me suis fait beau, autant que je le peux. C'est-à-dire que je me suis lavé avec la conviction que je me purifiais et que ça me rendait plus beau. J’ai mis de beaux vêtements aussi. Je marche pour qu’on me regarde. Et parfois on me regarde, je veux dire pas uniquement pour ne pas me rentrer dedans.

to be continued (niark)