mercredi 22 août 2007

"Et au moment où il le sut, il cessa de le savoir"

Tant pis, c'est pas grave.
Les avions brûlent et je dis "rédemption" à deux reprises. C'est de cela dont sont faits mes rêves.

Les blogs et la littérature, ce ne serait pas la même chose. Il manquerait aux blogs une vision du monde, une idée motrice, et surtout la construction littéraire qu'exige l'écriture d'un roman.
J'ai lu des blogs et j'ai lu Martin Eden de Jack London. Faut comprendre que les blogs et la littérature, ce n'est pas du tout la même chose.

Martin Eden vient d'un milieu populaire. Il croit que la culture élève l’âme et qu’elle est beauté, propreté, richesse, qu’elle apporte tous ces bienfaits et qu’elle s’y épanouit. Mais il découvre que l’argent de la bourgeoisie achète la culture et se l’approprie, du moins en apparence. Car elle n'est souvent qu’un vernis. Mais Martin croit que la culture est une contemplation esthétique que chaque individu est à même de faire l’expérience. Il découvre surtout que la culture ne vaut rien en elle-même, qu’elle existe par la valeur qu'on lui donne. Martin existera parce qu’il sera publié, il deviendra écrivain et c’est ce statut social qui fera de lui un intellectuel de génie. Avant cette reconnaissance, il n’était rien. Le public lui donnera sa valeur. Hors de ça et avant cela, lui et ses écrits n’étaient rien pour eux. Mais ça n'est déjà plus ce qu'il avait désiré. Martin Eden découvre que la culture aurait dû rester individuelle, qu’elle est solitude. Et il est seul. Et il veut dormir, pour toujours. L'Amour n'existe pas et la littérature n'a pas d'âme.
C’est un livre bouleversant.

Les bloggueurs écrivent pour eux-mêmes, c'est une affaire entendue... Personne aujourd'hui ne pourrait être aussi déçu que Martin le fut, car chaque bloggueur sait la valeur qu'il s'accorde à lui-même. Si Martin Eden avait été bloggueur, il n'aurait jamais tant déifié la littérature.

Les blogs, au fond, c'est de la poésie brutale.

lundi 6 août 2007

Les lauriers de l'Atlantique

Kenneth Foster va mourir le 30 août 2007.
C'est l'histoire à la fin de laquelle personne ne sauvera personne par l'épée, et les donjons seront bien gardés.
C'est l'histoire qui ne raconte pas le racisme ni le mauvais côté de la barrière sociale.
C'est quoi la vie sans possibles, sans idées, sans désirs. C'est quoi quand le hasard se transforme en destin par la volonté des autres, quand peu importe ce qu'il a fait ou n'a pas fait puisque sa vie ne lui appartient pas.
C'est la vie toute nue. La vie toute seule.
Kenneth Foster croit peut-être que son histoire deviendra un exemple. Mais au delà des symboles, et des luttes, et des progrès, quelle sensibilité expérimente t-on quand on sait le jour et l'heure de sa mort ?
Je meurs dans un mois.
Je meurs dans quinze jours.
Je meurs dans une semaine.
Je meurs demain.
Je meurs dans une heure.
Je meurs dans cinq minutes.
Je meurs dans trente secondes.

Moi j'ai peur, et je pense que Mr Foster aussi, mais il ne vaut mieux pas que ça se sache.